Bryan Adams au Zénith (Paris), 5 décembre 2014

En 1991, Kevin Reynolds réalisait un film, une relecture plutôt, d’un mythe anglais déjà connu de tout le monde: Robin des Bois, Prince des Voleurs. Porté par une distribution de luxe (Kevin Costner, Morgan Freeman, Mary Elizabeth Mastrantonio, Alan Rickman et le mésestimé Christian Slater), le long métrage a fait un véritable carton, nous offrant une vision de Sieur Robin de Locksley beaucoup plus moderne qu’auparavant: fini les collants et le chapeau à plume, ici Robin est vêtu de cuir et tissu d’époque.

Point non plus de Roi Jean: seul son nom sera mentionné, le véritable méchant étant le Shérif de Nottingham, avec un Alan Rickman magistral dans ce rôle.

Bref, il s’agit d’un excellent film, que je conseille fortement à tous ceux qui ne l’ont pas encore vu (honte à vous) et qui aiment les aventures épiques, surtout qu’il a plutôt bien vieilli pour une œuvre datant d’il y a… la vache, presque 24 ans!

Alors, oui, ça fait très cliché de débuter une review de cette façon pour Bryan Adams, mais il faut quand même avouer que, si sa popularité a explosée auprès du public français, c’est bien grâce à ce film. Car son succès est dû en partie à sa bande originale, composée par le chanteur dont il est ici question, et tellement ancrée dans la conscience collective que n’importe qui a déjà entendu ces notes, même sans se souvenir d’où elles viennent.

Alors certes, il n’a pas fait que ça, et a même été très productif tout au long de sa carrière: 13 albums tout de même (si on ne compte pas les quelques best-of, surtout So Far So Good que tout le monde a chez soi… mais si, vous savez? la roue de 4×4), Reckless étant considéré comme l’un des meilleurs (sur 10 chansons, 6 se retrouvent sur So Far So Good).

A propos, Reckless fête cette année ses 30 ans d’existence. Oh bah tiens, justement ce mot est déjà inscrit sur l’écran géant en fond de scène! Coïncidence?

Donc oui, tout est déjà en place lors de notre entrée dans le Zénith, car notre ami canadien ne s’encombre pas ce soir d’une quelconque 1ère partie. Quelques minutes avant que le show débute (à 20h10, relativement tôt du coup), c’est la pochette de l’album dont nous venons de parler qui s’affiche… autrement dit la tête de Bryan Adams, alors qu’il n’avait que 25 ans.

De temps à autres, en étant attentif on remarque les yeux qui bougent, ou un sourire qui s’affiche, le tout ajouté par ordinateur. Je ne sais pas si l’effet humoristique était voulu, mais ça m’a beaucoup fait penser aux Têtes à Claques.

Finalement, les lumières s’éteignent et nous apercevons quelques ombres se faufiler sur scène, avant que Bryan ne se mette en lumière et n’entame les notes de… « Reckless ». Ça commence à faire beaucoup de messages subliminaux!

A propos, petite parenthèse: d’où sort cette chanson? N’étant pas un fan inconditionnel du chanteur, j’avoue mes quelques lacunes; et en me documentant, j’ai vu qu’elle ne figurait pas sur l’album éponyme, et je n’ai pas réussi à trouver de quel disque elle était tirée. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour compléter ma culture!

Sans temps mort, la soirée se poursuit avec « One Night Love Affair », « She’s Only Happy When She’s Dancin' », puis « Run To You ». Bon, là je crois qu’on a compris. Et si ce n’était pas le cas, Bryan prend enfin la parole pour nous expliquer que Reckless a donc 30 ans, et qu’il va le jouer ce soir dans son intégralité, « avec quelques bonus ».

[En mode blonde] Aaaaah, c’était donc ça!

A noter que notre ami s’exprime dans un français plutôt correct, et ça fait bien plaisir.

Tout s’enchaine donc de manière parfaitement huilée, l’album joué ce soir étant quand même étoffé d’un titre bonus en son milieu (« The Boys Night Out »), et certaines chansons étant placées dans le désordre par rapport au disque original.

Et pour ceux qui se posent la question: non, Tina Turner ne fera pas d’apparition sur « It’s Only Love ». Tout juste entendrons-nous une phrase d’elle avant le morceau (la fameuse photo-Tête à Claque de Bryan Adams s’animant sur l’écran géant lorsque Tina introduit le titre).

« Summer Of ’69 » donnera l’occasion au public d’accompagner Bryan, les paroles s’affichant sur l’écran sous la forme d’un tatouage sur le corps d’une femme, que la caméra parcourra au rythme de la chanson. Et non, rien de choquant ne sera dévoilé, bande de petits pervers!

De toute façon, cette vidéo était inutile, car tout le monde semblait connaitre les paroles par cœur; le chanteur aurait même pu couper son micro!

Le reste de la soirée sera très bien équilibré:

  • des ballades: « Please Forgive Me », « Heaven », et bien sûr « (Everything I Do) I Do It For You », sans laquelle l’intro de cet article n’aurait pas lieu d’être;
  • des titres plus pêchus: « Can’t Stop This Thing We Started », « Cuts Like A Knife », « When You’re Gone » (sans la Spice Girl Mel C) et mon chouchou « Kids Wanna Rock »;
  • et même quelques reprises, comme « Let Me Down Easy » de Roger Daltrey (des Who, pour ceux qui suivent).

Le public sera même mis à contribution, Bryan invitant une fille dans les gradins à danser sur une chanson, le « spectacle » étant diffusé sur l’écran géant. Malheureusement, de sa performance nous retiendrons surtout les auréoles sous les bras. En tant qu’artiste proche de son public, Bryan offrira un t-shirt à la demoiselle, ainsi qu’à son petit ami (ou frère, je n’ai pas bien compris). Offrir un t-shirt propre à quelqu’un qui transpire des aisselles, ceci explique sans doute cela, diront les mauvaises langues (oui, je parle de mes amis et moi).

Question interprétation, rien à redire: c’est propre, carré, avec suffisamment d’improvisation pour ne pas s’ennuyer. Bryan ne tombe pas dans la facilité et ne lâche jamais l’une des 3 guitares qu’il tient à sa disposition (2 électriques et une acoustique), et se permet même quelques montées dans les aigües avec sa voix… mais pas trop souvent quand même, il a 55 ans après tout!

Tout juste pouvons-nous reprocher ce que j’appelle le « syndrome Sharon Den Adel » (et vas-y que je te recolle des liens vers mes propres articles!): seul Bryan est en lumière, sa troupe l’accompagnant étant dans l’ombre 90% du temps. Mais on l’excuse, car à l’inverse de Within Temptation qui est un groupe à part entière, Bryan Adams remplit le Zénith grâce à son seul nom! Et puis, son guitariste soliste assure une bonne part du spectacle, courant de droite (pendant que Bryan est à gauche) à gauche (pendant que Bryan est à droite), tapant dans la main de Bryan en sautant (lorsqu’ils se croisent), se roulant par terre tel Angus Young dans ses jeunes années… mais à part ça, on ne verra la tête ni du bassiste, ni du claviériste, le batteur se cachant derrière son tom alto la plupart du temps.

Mais point de manque de respect envers eux ici, car chaque musicien sera tout de même présenté au public à la fin de la 1ère partie du concert, celle-ci se terminant sur le tube « The Only Thing That Looks Good On Me Is You ».

Ayant cru un instant qu’après une telle fin (le morceau est aussi bon que son titre est long) il n’y aurait pas de rappel (après tout, il n’y a pas eu de 1ère partie), tout le monde revient quand même sur scène pour « You’ve Been A Friend To Me » et une ultime reprise: « C’mon Everybody » d’Eddie Cochran, qui me rappelle mes jeunes années passées à écouter la compil’ Levi’s Music.

Après quelques remerciements sincères, tout le monde quitte la scène une nouvelle fois… sauf Bryan, décidé à nous en donner pour notre argent avec 3 dernières chansons en version acoustique, juste lui et sa guitare, tout en douceur: « She Knows Me », « Straight From The Heart » et « All For Love » (et non, Sting et Rod Stewart ne le rejoindront pas sur scène!).

Cette fois, au bout d’un peu plus de 2 heures, c’est bel et bien fini. Certes moins mouvementé que les concerts auxquels j’assiste d’habitude, le show n’en était pas moins mémorable: un pur concentré de Rock N’ Roll, une vraie présence scénique, du charisme… Bryan Adams est un Grand dans le paysage musical, et son style est suffisamment varié pour attirer pêle-mêle des mecs en costard sortant du boulot, de jeunes et (très) jolies demoiselles, et même des vestes à patches aux couleurs d’Iron Maiden et Def Leppard! Il y avait même quelques doigts levés en signe de cornes dans le public.

Alors Bryan, bientôt au Hellfest?