Les Insus? à Paris Bercy, le 22 octobre 2016

J’ai plusieurs fois évoqué les reformations improbables, mais qui avaient pourtant déjà eu lieu. Il y a eu Led Zeppelin en 2007 pour un concert exceptionnel, Kai Hansen et son groupe Gamma Ray qui ouvrait pour Helloween, avant de monter sur scène avec ses anciens comparses pour finir la soirée tous ensemble (c’est même arrivé sur 2 tournées!), et actuellement le monde est en ébullition depuis que Duff McKagan et Slash sont retournés auprès d’Axl Rose chez vous-savez-qui (le mec au fond qui a répondu « AC/DC », tu sors).

Mais en France, l’évènement de la fin d’année 2015, c’est la reformation de Téléphone. Enfin, pas exactement, puisque Corine Marienneau (basse) est la grande absente de ces retrouvailles, pour des raisons floues puisque chaque partie rejette les raisons de la colère sur l’autre; ce n’est pas comme ça qu’on va avancer.

Cette absence a donc provoqué un changement de nom: Téléphone a raccroché, on parle maintenant des Insus? (oui, le point d’interrogation fait partie intégrante du nom). Et au moment où j’écris ces lignes, au lendemain du 2ème concert consécutif au Palais Omnisport de Paris Bercy (si si, j’insiste, cette salle s’appelle comme ça), je viens tout juste de comprendre le choix de ce nom. Ben oui, en 2016 la majorité des téléphones sont portables; donc les Insus-Portables. Haha lol mdr. Un an pour comprendre ça, je me sidère moi-même.

 

Bref nous voilà, un couple d’amis et moi, devant Bercy; la file d’attente est bien remplie, mais j’ai déjà vu pire. A 18h et des bananes les portes s’ouvrent, nous subissons une petite fouille pour la forme (les bouchons de rechange pour la bouteille d’eau et les yaourts à boire sont passés au travers des mailles du filet), et après l’attente de rigueur, mon fidèle Ivo arrive pile pour…

 

Bachar Mar-Khalife (19h57 – 20h25)

 

…Et autant dire qu’il aurait pu arriver plus tard sans regrets. C’était… étrange. Et déplacé. Après réflexion, nous supposons que la musique est d’origine turque, sans trop de certitude (après renseignement, le chanteur est libanais). Je n’ai pas reconnu la langue chantée, mais c’est proche de l’arabe. Bachar chante et joue du piano, accompagné d’un batteur sans aucun feeling, ainsi que d’un bassite/synthé et d’un guitariste qui n’ont pas trop à se fatiguer pour les accords.

C’est long, répétitif, le rythme accélère parfois mais ce n’est que pour mieux retomber 30 secondes après. Le reste est plutôt planant, mou, les fans diront probablement atmosphérique. Aucune émotion ne ressort, et les quelques messages religieux du chanteur entre les morceaux achèvent de m’agacer.

Pourtant, la voix off annonçant Bachar Mar-Khalife comme « une fantastique découverte » semblait appartenir à Jean-Louis Aubert, mais on se demande ce que ça venait faire en ouverture d’un groupe de Rock.

 

Setlist de Bachar Mar-Khalife

 

 

Les Insus? (20h49 – 22h25)

 

Cette fois ça y est, l’une des plus grandes formations de Rock français s’apprête à faire son entrée dans un Bercy blindé ras-la-gueule (mais pas autant que pour Rammstein en 2012). Les 3 groupes de projecteurs disposés en rond au plafond dessinent des points d’interrogation, et le groupe arrive sous les acclamations d’un public qui attendait ça depuis 30 ans!

Les premières notes de « Crache ton venin » résonnent, et je me dis que c’est un choix parfait pour un début de concert: le titre n’est pas très connu du grand public, mais très apprécié des fans du groupe. L’entame est excellente, alors on enchaine dans la même veine avec « Hygiaphone », « Dans ton lit », et « Fait divers ». Autrement dit ça bouge, même si vous vous doutez bien qu’aucun pogo ne verra le jour!

Après ces morceaux relativement confidentiels au regard des tubes de Téléphone, on se dit qu’il est temps de satisfaire les touristes avec « Argent trop cher », pour lequel Jean-Louis ne se donne même pas la peine de chanter le refrain puisque 17000 personnes s’en chargent à sa place, et « La bombe humaine », avec une petite référence au Bataclan en intro, qui va de circonstance avec le titre (dans tous les sens du terme).

Le reste sera du même acabit, entre les titres relativement peu connus (« Métro, c’est trop », « Au cœur de la nuit », « Flipper »…), d’autres inédits et improvisés selon Louis Bertignac (« Le temps »), et les grands classiques. Ces derniers ont souvent droit à un traitement spécial, tel « Cendrillon » rallongé de plusieurs minutes.

« Le silence » et « Oublie ça » sont quant à eux joués en acoustique, avant que Jean-Louis ne se mette au piano pour « Le jour s’est levé » tandis que le public offre aux Insus? un magnifique tapis étoilé (pour une fois que les téléphones sont utilisés pour quelque chose d’utile en concert).

Chaque musicien est parfaitement mis en valeur, Jean-Louis forcément un peu plus que les autres, mais le micro est aussi parfois cédé à Louis entre 2 solos de guitare. Richard Kolinka bénéficie d’un kit de batterie aéré et surélevé, ce qui nous permet d’admirer son impressionnant et permanent jonglage de baguettes et son jeu tout en groove. Seul Aleksander Angelov, la pièce rapportée à la basse, est logiquement un peu plus discret, mais il a tout de même droit à son « Joyeux anniversaire » chanté par tout Bercy. L’absence de fumée nous offre un visuel très net, très propre, d’autant que les lumières et les écrans géants sont parfaitement mis en scène dans un équilibre parfait, entre accompagnement de la musique et ambiance discrète.

Les derniers tubes sont gardés pour la fin, « New York avec toi » précédant le plus connu des titres de Téléphone: « Un autre monde » et son ballon géant en forme de globe terrestre que la fosse fera rebondir jusqu’à la fin du morceau, qui clôt avec maestria cette partie de la soirée, le groupe quittant la scène sur un « Bercy beaucoup » amusé de Louis.

 

Bercy reste dans le noir tandis que le public réclame une autre chanson, et le groupe finit bien sûr par réapparaitre pour non pas un, mais deux morceau, le premier étant « Le vaudou (est toujours debout) ». Et si vous avez fait le compte, vous aurez remarqué qu’il manque l’un des titres les plus remuant du répertoire téléphonique; « Ça (c’est vraiment toi) » termine d’achever un public aux anges, les Insus? se permettant même de faire durer le morceau encore et encore, d’y inclure quelques mesures de « Satisfaction » des Rolling Stones, de ralentir le rythme jusqu’à le transformer en Blues sur lequel Jean-Louis et Louis jouent dos à dos sur la guitare de l’autre, avant d’exploser de nouveau pour un final d’anthologie!

 

Eh bien après ça, que ce soit prévu ou pas, les lumières tardent à se rallumer, ce qui excite d’autant plus la foule. Et enfin, nos 4 compagnons réapparaissent pour une dernière offrande: « Tu vas me manquer », certes de circonstance pour conclure cette magnifique soirée, mais peut-être trop intimiste (j’ai pas dit mou!) à notre goût.

 

Mais cette fois, le jour se lève bel et bien à l’intérieur du Palais et il est temps d’en sortir, tandis que les caméras de M6 recueillent les impressions de quelques spectateurs. Les traiteront-ils de zombies satanistes cette fois-ci, comme ils l’ont déjà fait à propos d’un certain festival breton? Je ne le saurai jamais, cette chaîne ne mérite pas plus d’attention de ma part et je passe mon chemin.

 

En conclusion, après quelques concerts où les surprises manquaient, il aura fallu que ce soit un groupe français qui me comble de par la diversité de ses morceaux, la complicité de ses membres, ses ambiances différentes et la sympathie qu’il exprime envers son public. Cocorico!

 

Setlist des Insus?

 

 

Bof: Bachar Mar-Khalife;

Cool: les Insus?!