Sabaton au Bataclan, Paris (14/1/2015)

Et allez, encore un groupe découvert sur une web-radio (en l’occurrence la Grosse Radio Metal)! Mais quel groupe! Certes pas franchement original, quoique pour du Power Metal, la voix grave et rauque de Joakim Brodén contraste avec les organes haut-perchés de Ralf Scheepers ou Andi Deris… cela dit, les compositions tiennent la route (on y reviendra), et l’univers développé par le groupe et centré autour des différentes guerres ayant marqué l’espèce humaine est plutôt sympa.

Une vieille connaissance, part. 1

Les premières parties seront assurées par 2 « groupes qui montent », et que j’ai déjà eu l’occasion de croiser, à commencer par Battle Beast déjà aperçu en ouverture de Nightwish à Bercy en 2012. Un vrai plaisir de retrouver ces finlandais qui tabassent dur, et dont la voix et l’énergie de la chanteuse m’avaient marqué à l’époque.

Bon, en fait la chanteuse a changé: exit la brune Nitte Vänskä, sa remplaçante est blonde, s’appelle Noora Louhimo, et possède le même timbre de voix éraillé et puissant. Bref, hormis le look, bien peu de différences à noter!

Profitant de la tournée pour présenter leur dernier rejeton Unholy Savior, il est logique de commencer le show, 30 minutes seulement après l’ouverture des portes, par un extrait dudit album, intitulé « Far Far Away ».

Pas de doute quant à l’accueil réservé aux musiciens, le public n’hésite pas à hurler sa joie à la fin de chaque chanson, la plupart connaissant même les paroles par cœur. Le groupe est aux anges et, malgré le manque de puissance du son, se donne à fond. Nous sommes là pour Sabaton, mais le reste de l’affiche est un sacré bonus! Dommage tout de même que, niveau présentation, la grosse caisse de Pyry Vikki soit déjà décorée aux couleurs du groupe suivant.

Le reste du concert ratissera l’intégralité de la discographie du combo finlandais, y compris le 1er disque où Noora n’était pas encore présente, notamment avec « Iron Hand » précédé d’un petit aperçu de la tête d’affiche avec le riff de « To Hell And Back » en guise d’intro. Comme toujours, il manquera telle ou telle chanson (pour ma part, « Let It Roar » ou l’énorme « Steel » qui doit formidablement bien rendre en live), mais difficile de contenter tout le monde en seulement 30 minutes!

Setlist de Battle Beast

Une vieille connaissance, part. 2

20 minutes plus tard, la 2ème partie de soirée sera de nouveau assuré par un groupe à chanteuse, néerlandais cette fois, et déjà rencontré il y a moins d’un an en 1ère partie de Within Temptation au Zénith: Delain.

La recette n’a pas changé en un an: du Metal-Pop mélodique et rythmé, emmené par sa jolie et charismatique chanteuse, Charlotte Wessels sur laquelle j’ai une vue imprenable depuis le 3ème rang où j’ai réussi à me faufiler. Et à propos de filles, Timo Somers étant bizarrement absent, c’est une autre demoiselle qui le remplace à la guitare. En bon mâle que je suis, j’ai évidemment commencé à mater, mais à bien y regarder on pourrait douter de la majorité de la guitariste! Je m’en suis donc retourné à Charlotte, de peur d’aller en prison…

Blague à part, son attitude sur scène n’a rien à envier aux autres, derrière sa 7 cordes quasiment plus grande qu’elle: elle headbangue, riff à s’en faire saigner les doigts, et nous décroche parfois un solo bienvenu, quoique rarement technique (ce n’est pas la marque de fabrique de Delain).

A l’instar de Battle Beast, la setlist sera composée d’un peu tout, du dernier The Human Contradiction au tout 1er Lucidity (particulièrement avec « Pristine » parfaitement grawlé par le bassiste Otto Schimmelpenninck van der Oije (ouf!)), et le groupe encore mieux accueilli, ce qui fera également la joie des musiciens. Ce soir, les 1ères parties sont gâtées, et les interventions de Charlotte (qui tente de réhabiliter le port des bretelles) en français sont acclamées avec beaucoup d’enthousiasme!

Au niveau des regrets, pendant ces 40 minutes on déplorera l’absence de la chanson « April Rain », et de « Stardust » qui est pourtant le seul titre du dernier album à avoir bénéficié d’une promotion avec un clip.

On aurait également aimé un peu plus de puissance au niveau du son; probablement la faute à la taille de la salle, bien moins équipée que le Zénith dont le show m’avait laissé un souvenir plus marquant. Et la voix de Charlotte était un peu noyée dans le mix au début du concert, chose qui n’est pas arrivée avec Battle Beast. Delain serait-il plutôt taillé pour les stades?

Setlist de Delain

Qu’est-ce qu’on est serrés, au fond de cette boîte…

Maintenant que vous l’avez bien en tête, imaginez 20 Metalleux en train de la beugler un peu plus loin dans la salle, à raison cela dit car le Bataclan est maintenant bondé. Impossible de me l’ôter de la tête, d’autant plus qu’aucune musique d’attente ne se fait entendre, hormis quelques sons inquiétants que l’on croirait tirés d’un blockbuster hollywoodien. Petit répit mental lors de la traditionnelle bataille « bâbord/tribord ».

Serrés, nous le sommes, et nous le resterons jusqu’à la fin. On y reviendra!

Le Bataclan est déjà presqu’entièrement plongé dans le noir, tandis que les roadies ôtent les bâches recouvrant le kit de batterie de Hannes Van Dahl (kit que l’on n’aperçoit toujours pas dans la pénombre de toute façon), et que retentit enfin « The Final Countdown » des compatriotes suédois d’Europe, dont la mélodie et le refrain sont repris de bon cœur par l’audience. Ça fait toujours son petit effet, histoire de bien marquer le début de soirée (comme « Doctor, Doctor » pour Iron Maiden ou « For Those About To Rock (We Salute You) » pour Helloween).

Après le traditionnel « March To War » sur bandes, le groupe déboule dans une explosion de riffs sur « Ghost Division » qui ouvre quasiment tous leurs shows depuis quelques temps déjà. Et voilà que ça pousse déjà derrière, et je me retrouve vite au 2ème rang… pour finalement y rester pendant tout le concert, certes écrasé (je ne déciderai de sortir le téléphone pour prendre quelques photos qu’au bout de 5 ou 6 chansons) mais pas bousculé, le mosh pit étant un peu plus loin. Le jeu de lumières se veut très clair, permettant d’admirer la déco très militaire, la batterie étant posée sur un char d’assaut équipé de 2 énormes mitrailleuses sur les côtés (des sortes de Gatlings surdimensionnées). Impressionnant! Le groupe est, quant à lui, habillé uniformément, avec treillis « camouflage hiver », guitares et basse assorties. Joakim arbore son inévitable gilet à plaques d’acier.

Bien calé entre mes voisins (et voisines), je profite ensuite d’un superbe « To Hell And Back » sautillant et parfaitement repris en cœur par le public déchainé, suivi du titre éponyme à l’album Carolus Rex. Et mine de rien, nous venons de traverser 7 ans de la vie de Sabaton!

Car le groupe, qui commence tout juste à bénéficier d’une certaine reconnaissance, est tout de même présent depuis 1999… de quoi avoir un beau palmarès d’albums à son actif. Concernant « Carolus Rex » (la chanson), le tempo plus lent de ce morceau ne fait baisser en rien l’ambiance dans la fosse; en effet, l’une des forces de Sabaton, comparé aux autres « jeunes » groupes, est de ne pas hésiter à proposer des titres au tempo lent et lourd, là où les autres se contentent de jouer des morceaux les plus speeds et agressifs possibles.

Petit passage par l’album The Art Of War le temps d’un « 40:1 » ultra-speed, avant une petite pause pendant laquelle Joakim nous propose le 1er vote de la soirée. Bien que nous soit proposé « Gott Mit Uns », un autre titre de Carolus Rex, la petite originalité viendra du fait que le groupe nous la propose, au choix, en version anglaise, ou suédoise… à la surprise (simulée?) de Joakim, la version suédoise remporte tous les votes! L’occasion aux 2 guitaristes de donner de la voix sur les couplets…

Plus tard dans la soirée, 2 nouveaux votes nous seront proposés, à savoir si le groupe jouera « Uprising » ou « White Death », et « The Lion From The North » ou « Screaming Eagles ». Dans les 2 cas, ce sera le 1er titre qui sera choisi, « The Lion From The North » clôturant même la 1ère partie du show.

Le reste du set fera la part belle au dernier album du groupe, Heroes, avec entre autres « Far From The Fame » et « Soldier Of 3 Armies ».

Le génial « Resist And Bite », lui aussi extrait du dernier disque, verra quant à lui Joakim prendre la guitare pour accompagner Chris Rörland et Thobbe Englund, sans oublier Pär Sundström à la basse, ce qui donnera l’occasion d’une très belle photo, les 4 guitares au premier plan de la scène.

Le chanteur, désireux de nous faire part de son talent de six-cordiste, monopolisera la scène quelques instants avant et après la chanson, nous offrant un pot-pourri de célèbres riffs, notamment « Fear Of The Dark » et « Run To The Hill » d’Iron Maiden, « Master Of Puppets » et « Seek & Destroy » de Metallica, et un inattendu « Beat It » de feu Michael Jackson (bien que ce soit Eddie Van Halen qui joue dessus, donc on reste dans l’univers Metal en fait).

Le truc, c’est qu’à la fin Joakim ne veut plus s’arrêter de jouer, et un roadie est obligé de venir sur scène avec un coupe-boulon pour sectionner une à une les cordes de sa guitare!

Malgré le propos assez grave des chansons de Sabaton, le concert est de toute façon placé sous le signe de l’humour: chaque intervention de Joakim est l’occasion d’une grosse marrade; c’est bien simple, il ne peut pas en placer une, chaque fois coupé par le public qui lui demande:

  • de se mettre à poil (Did you say « pants off »? But what’s wrong with you guys???);
  • de s’enfiler une bière cul-sec (Are you here for Heavy Metal, or for drinking?, la foule s’empressant de répondre « Drinking!!! »), et Joakim de relever le défi.

A se demander si les suédois ne concourent pas pour le titre de meilleur spectacle Metallo-comique contre les allemands de Gamma Ray ou Edguy…

Le chanteur nous demandera également comment se dit en français « chair de poule », car chaque fois que nous reprenons les paroles en chœur, ou que nous hurlons le nom du groupe entre les morceaux, les poils de ses bras se dressent. Bon, celle-là, il nous la fait à chaque fois, mais force est de constater que, de là où je suis, je peux parfaitement voir que c’est vrai!

L’ambiance est donc bon enfant, la proximité du groupe avec son public fait vraiment plaisir à voir.

Après le rappel, le groupe enchainera enfin sur « Night Witches » (« enfin » car j’aurais bien vu ce titre en ouverture de soirée), et le traditionnel « Primo Victoria », pendant lequel Joakim (oui, il n’y en a que pour lui ce soir, de toute façon) viendra chanter le 1er couplet dans la fosse avec nous! Ceci semblait prévu, puisque tout le 1er rang avait un petit papier marqué « Joakim, will you jump with us… in the pit? », ce qui semble bien peu étonner le chanteur, à l’heure d’Internet où rien n’est secret et où il n’y a plus de surprise. Enfin, sauf pour moi qui évite de chercher ce genre de renseignement pour garder un peu de magie. Cela dit, j’aimerais bien savoir qui est le mec que j’ai failli me prendre dans la tronche lorsqu’il a couru du fond de scène pour venir plonger sur nous!

Le final se fera dans une joyeuse anarchie sur « Metal Crüe », avant lequel Joakim retirera enfin son gilet à plaques d’acier pour nous dévoiler un t-shirt noir flanqué du logo « Je suis Charlie », petit hommage bien sympathique aux victimes de la tragédie qui a eu lieu la semaine d’avant.

Setlist de Sabaton

Une vieille connaissance, part. 3

Tandis que sont diffusés sur bande « Dead Soldier’s Waltz » et « Masters Of The World » (que j’aurais préféré avoir en live), il est maintenant temps de quitter la salle, malheureusement bredouille: pas de médiator ou de baguette en guise de trophée, malgré la générosité du groupe concernant la distribution de goodies pendant le show.

Mais avant de terminer cette chronique, je voudrais passer un petit bonjour, si elle me lit, à une personne rencontrée il y a bien longtemps, au tout début de mes pérégrinations Internetiennes (c’est dire si ça remonte), sur un forum communautaire (une sorte de facebook avant l’heure), et retrouvée complètement par hasard sur Spirit Of Metal la veille du concert! Alors Menchi, si tu passes par là, j’espère qu’on se retrouvera bientôt pour headbanguer ensemble sur Nightwish ou Rammstein!