Delain au Cabaret Sauvage (Paris), le 6 décembre 2019

Prévoir un concert un jour de grève… quelle drôle d’idée! Bon, j’admets qu’en France, il est difficile de trouver un créneau pour venir jouer quand il n’y a pas de mobilisation quelconque.

Allez, trêve de plaisanterie. Delain vient à Paris, ce n’est pas trop cher, alors on prend son courage et sa carte Navigo à deux mains, et on y va! J’ai quand même hésité à y aller en voiture – mais le trajet m’aurait pris 3 plombes, je serais arrivé à la fin du concert – ou en moto – mais il pleuvait. Du coup, 1 RER sur 2, la ligne 7 qui tourne à 1 métro sur 3… et de fait les trains étaient à quai dès que j’arrivais. Chance de cocu? On lui demandera (ou pas). Par contre, nul besoin de se tenir aux barres dans la ligne 7, les voyageurs se tenaient mutuellement entre eux. Haaa, cette chaleur humaine parisienne…

Vincent n’aura pas eu la même « chance » que moi, mal organisé qu’il était, il aura perdu sa soirée, le concert, et sa dignité. D’ailleurs je ne sais toujours pas comment il est rentré chez lui, mais passons.

 

Bref, j’arrive à 18h45, tranquille compte tenu du contexte, et il y a encore une bonne file d’attente à l’extérieur. J’entre pour la première fois de ma vie dans le Cabaret Sauvage. C’est un peu plus spacieux que je l’imaginais, la salle est circulaire avec des tables tout le long du mur, un bar au fond, et Nightwish en musique d’attente. Hormis pour ce dernier point, on se croirait presque dans un saloon du far-west!

 

Arkona (19h27 – 20h25)

 

Alors comment dire… j’avais totalement zappé que nos amis russes ouvraient pour Delain ce soir. Et pourtant, lorsqu’on voit Arkona la première fois (comme votre serviteur en 2013, en première partie de Therion), on ne les oublie pas!

Pour ceusses qui ne les connaissent pas, imaginez: des musiciens habillés en peau de bête, un style musical à mi-chemin entre le Death et… le chant traditionnel russe, et une chanteuse minuscule qui alterne chant clair et growl avec une aisance déconcertante. Minuscule certes, mais diablement charismatique. Par ailleurs, c’est une vraie pile électrique, et son micro ne viendra que rarement trouver son support orné d’un crâne de buffle lors de cette heure, toute occupée qu’elle est à sauter, headbanger, et arpenter la salle de long en large.

Dès les premières notes, Arkona a le public dans sa poche, et même si depuis 2013 je n’ai absolument pas suivi la carrière du groupe, je peux vous dire qu’ils mettent une sacrée ambiance. La réussite est totale. J’aimerais quand même voir la tête des gens qui demandent à Vladimir Reshetnikov ce qu’il fait dans la vie, et que ce dernier répond qu’il est flûtiste et joueur de cornemuse dans… un groupe de Metal.

 

Setlist d’Arkona

 

 

Le temps que Rosa, ma manager et accessoirement chauffeuse de ce soir, vienne me faire un petit coucou en compagnie de son mari, de prendre des nouvelles de Vincent (mais vous savez déjà comment ça va se terminer), les lumières s’éteignent déjà.

 

Delain (20h49 – 22h37)

 

Bizarrement le démarrage est très timide. Le groupe ne semble pas vraiment impliqué malgré l’accueil du public (on est là pour eux, quand même), du coup « Invidia » et « April Rain » ne laissent pas un souvenir de début de show impérissable. Alors je ne vais pas garder le suspense plus longtemps: je n’ai aucune idée de l’explication à ça, mais l’ambiance va progressivement monter pour atteindre son paroxysme à la fin. J’ai rarement vécu ça, et même plus souvent le contraire: un concert qui démarre très fort, et qui finit par trainer un peu en longueur, avant le dernier soubresaut du rappel.

Non, là, tout le monde trouve ses marques petit à petit, les classiques s’enchainent, « The Glory And The Scum », « Suckerpunch »… avant que Charlotte Wessels s’adresse à nous quasiment pour la première fois, afin de présenter un tout nouveau titre, « Burning Bridges », que nous ne connaissons pour le moment que par le truchement d’un chouette vidéoclip.

A partir de là, on sentira Charlotte beaucoup plus à l’aise, au point de régulièrement faire des blagues entre les morceaux! Le futur album est à la fête, car en plus de « Burning Bridges », et après un petit intermède représenté par un trio Charlotte/Martijn Westerholt (clavier)/Eliane Anemaat (violoncelliste inconnue au bataillon), puis « The Hurricane » déjà connu, ce ne sont pas moins de 4 nouveaux titres que les néerlandais font défiler sur la setlist: « Masters Of Destiny », « Let’s Dance » avec la participation du public (un mot à retenir, c’était gérable), « One Second » et « Combustion ». Nous voilà parés pour la sortie d’Apocalypse & Chill en février.

Un nouvel invité fait son apparition sur « Hands Of Gold » afin d’assurer les growls, et malheureusement ce n’est pas Alissa White-Gluz comme sur l’album: il s’agit de George Oosthoek, de nouveau inconnu au bataillon. L’ambiance est définitivement décontractée, Charlotte s’exprime de plus en plus entre les chansons, ses blagues font mouche… la soirée se déroule sans accroc, et l’on s’amuse à faire rebondir les ballons géants lâchés en fin de spectacle.

Même le duo Joey Marin de Boer (batterie)/Timo Somers (guitare) reste original, car plutôt que de présenter chacun des solos interminables avec branlage de manche ou descentes de toms, ils nous offrent une sorte de jam composé principalement de riffs. Plutôt inattendu, mais ça change!

Le reste de la soirée sera composé de classiques, et la fin semble arriver bien vite tant nous passons un bon moment: « Not Enough », « Don’t Let Go », « The Gathering » (Marco Hietala étant remplacé par Timo), « Fire With Fire », et enfin « Pristine », ce dernier titre marquant le retour sur scène de George.

Et voilà déjà le dernier morceau, traditionnellement « We Are The Others ». Je chope une baguette lancée par Joey (après être rentré bredouille depuis 2 ans, je commençais à désespérer), mais les lumières ne se rallument pas…

Eh non en effet, le groupe ne tarde pas à revenir, et s’agissant de la dernière date de la tournée, décident avec l’accord du public de jouer un dernier morceau: « Get The Devil Out Of Me »; il semble que seule la France aura eu les honneurs de ce rappel, cocorico!

Le groupe s’en va, non sans lancer quelques autres goodies, et… je chope une deuxième baguette! Voilà, le plein est fait.

 

Que dire à ceux qui ne connaissent pas Delain? Il est clair que le groupe ne renouvelle aucune formule, et hormis les invités, les concerts se suivent et se ressemblent (6ème fois me concernant). Mais à l’instar d’AC/DC ou d’Accept, cette formule fonctionne parfaitement; si tant est qu’on apprécie la musique de nos amis néerlandais, on ne peut que passer un excellent moment!

 

Setlist de Delain